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L’art du hachi-ue

L’art du hachi-ue

Une mission photographique hors du commun

Quand Charlotte Fauve, ingénieur paysagiste et journaliste, créatrice de l’émmission “Etonnants Jardins” sur Arte TV, nous a demandé de l’accompagner dans son étude des jardins japonais de pots, on a tout de suite dit “oui”. Ce photo-reportage de rue allait appuyer son discours sur la nature dans le cadre de la ville à la conférence “Extensions du domaine du jardin”.

L’excellence japonaise du jardinage

Le sujet pourrait paraître anodin : des fleurs dans des pots, ce qu’on appelle “hachi-ue” au Japon. Partout dans le monde on retrouve des fleurs en pots, nous sommes tous plus ou moins familiers avec ce type de jardinage. La différence c’est que le peuple japonais a ramené cette pratique à un niveau supérieur de subtilité et de complexité, d’une perspective esthétique, psychologique, sociale et spirituelle.

En tant que voyageur au Japon, on ne peut pas s’empêcher d’observer que la plupart des maisons, restaurants, bars, instituts de beauté, épiceries et immeubles d’appartements sont souvent entourés par de dizaines de pots de fleurs, attentivement rangés devant ou autour de la maison, comme une véritable palissade végétale. Dans la plupart du temps, les pots de fleurs sont posés directement sur le trottoir, symbolliquement et gentiment marquant la séparation entre l’espace privé de celui public. C’est à la fois une séparation et une connexion, lorsque les fleurs peuvent être un prétexte d’échange entre les gens, un médium d’interaction entre les voisins et même les gens de passage.

Les espèces, les variétés, la taille des pots et les matières sont dilligement sélectionnés par le jardineur. Globalement, chaque jardin de pots est le reflet de la personnalité et des goûts de chaque jardineur, de la même façon que la couleur ou l’architecture de la maison peuvent l’être. Les fleurs et les plantes sont bien soignés, tous les jours. Parfois, en raison d’un très grand nombre, les pots sont reliés par des fils, pour les protéger contre le vent et les tempêtes. Bien que tout soit minutieusement planifié et pensé, la part de hasard dûe aux caprices des saisons ou au simple passage des piétons donne aux jardins de pots une vie propre, ce qui sublime leur beauté et rôle dans la vie des communautés.

Les jardins de pots ont sans doute une forte contribution esthétique à la ville. Cependant, leur rôle spirituel n’est pas négligeable : fortement enracinés dans les systèmes de croyances bouddhistes et shinto, les hachi-ue nourrissent la connexion entre les gens et la nature, comme des rappels permanents des saisons et des cycles de la vie. Cela ancre l’humain dans un univers plus élévé que celui de la réalité immédiate de la rue.

Note : Les photos ont été prises dans les anciens quartiers de Tokyo (Yanaka et Asakusa), ainsi que dans de plus petites villes comme Tanabe et Kagoshima.

Lien externe :
L'article de Charlotte Fauve au sujet des jardins hachi-ue dans le magazine Détente Jardin.

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